En 1998 j'ai créé la Collection Philosophie de chair, série de spectacles sur des textes de grands philosophes. Elle s'acheva en 2012 par la création de "Cet asile de l'ignorance", sur des textes de Spinoza interprété par Jean-Marc Bourg
Collection Philosophie
de chair
La pensée en marche.
La philosophie est devenue une pensée écrite
donc cristallisée et aboutie. Mais les pensées qui nous parviennent par les livres
sont des traces inertes, c’est à dire qu’elles ont perdu le tempo chaotique,
hésitant, en un mot vivant, qu’elles devaient avoir quand elles sont nées
laborieusement des méditations du philosophe. La parole sonore apporte une
vibration « pneumatique » et une temporalité à l’enchaînement des
phrases, et l’inflexion d’une voix peut ajouter au sens des mots une indication
affective. La pensée étant une action, il est tout naturel que l’art dramatique
– l’acteur - puisse en rendre compte plus facilement que la lecture qui,
bien qu’elle soit aussi active, se prive de l’expression du corps dans
l’espace. Le théâtre peut redonner du rythme, de la passion à cette pensée
livresque qui s’est solidifiée. Loin de constituer une chaire de philosophie il
nous faut au contraire recréer une philosophie de chair.
Il est des philosophes qui ont vécu leur
philosophie en la pensant, d’autres qui l’ont pensée sans la vivre ; leurs
écritures sont radicalement différentes. Les premiers utilisent plus volontiers
le « je » ou se mettent en situation dans un dialogue, les seconds
empruntent les chemins de l’étude et conceptualisent à froid.
Dans notre projet d’incarnation de la
philosophie par des personnages vivants sur une scène, c’est bien sûr à cette
première catégorie que nous nous intéresserons d’abord. Dans le choix des
textes proférés au théâtre, le critère de l’épaisseur humaine sera
prépondérant. Qu’est-ce que l’épaisseur humaine ? Elle se manifeste
paradoxalement par des choses ténues : ce sont peut-être tous ces petits
détails, toutes ces expressions qui trahissent chez l’auteur une humeur, un
sentiment, une émotion ou une inclination derrière le mur solide de la raison
et des « idées claires et distinctes » qui se veulent objectives,
« …car enfin, il faut reconnaître l’infirmité et la faiblesse de notre
nature » dit Descartes lui-même. Ne sent-on pas la dimension tragiquement humaine de René
Descartes quand il se mutile littéralement de tous ses sens, de tous ses
membres, de tous ses préjugés, opinions et croyances, pour voir ce qui reste en
lui et pour constater qu'il pense encore? Ne voit-on pas l’enthousiasme
communicatif de Denis Diderot lorsqu’il pense avoir trouver le secret de la
matière ? Ne frémit-on pas devant l’angoisse de Blaise Pascal en équilibre
au-dessus du gouffre des deux infinis ?
La scène est le lieu de l’échange, du partage
et de la communion, n’est-ce pas l’endroit idéal pour faire vibrer la raison
humaine par la voix des grands philosophes ? En un temps où le besoin de
sens se manifeste un peu partout et où la muraille de l’individualisme se
lézarde quelque peu, le théâtre et la philosophie peuvent s’unir, non pour
rendre le monde meilleur, mais au moins pour le questionner dans le plaisir.
Divulguer, non vulgariser
Le point commun de tous nos spectacles est
qu’ils font parler les auteurs dans le texte (traduits en français bien-sûr). Il n’y a pas de
réécriture, la seule modification consiste à couper certains passages. Les
critères de coupes peuvent être la difficulté, la redite ou la digression. Les
spectacles ne devant jamais dépasser l’heure, il faut aller à
l’essentiel : le théâtre est un art discursif et fugace, il faut que le
texte soit compris instantanément ; voilà pour les raisons des coupes.
Notre ligne de conduite n’est ni didactique ni
pédagogique, mais nous recherchons le plaisir, l’émotion, la réflexion,
l’échange et le partage, bref, nous ambitionnons de faire du théâtre. Nous ne
mettons pas la philosophie à la portée du spectateur mais nous lui donnons la
main pour aller vers les auteurs.
Toute œuvre d’art (digne de ce nom) soulève des
problèmes philosophiques, rarement elle les attaque de front, par la raison.
Ainsi les grandes tragédies parlent aux hommes. La philosophie, plus
laborieuse, essaie de poser les problèmes rationnellement, mais le chemin est
ardu, d’ailleurs, elle a toujours été un peu jalouse de l’art. L’artiste joue.
Le philosophe travaille, ses livres se vendent moins que les romans. Mais un
acteur qui dit de la philosophie, incarne un philosophe, peut jouer. C’est là notre pari : faire de
la philosophie un jeu sérieux, un gai savoir, grâce auquel elle devient plus accessible pour l’« honnête homme » spectateur, mais sans transiger, il s’agit de
divulguer, non de vulgariser.
Voici la liste des spectacles de la collection que Didier Mahieu a mis en scène et co-interprétés :
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Voici la liste des spectacles de la collection que Didier Mahieu a mis en scène et co-interprétés :
Deux premières méditations
texte de René Descartes
interprétation Stanislas de la Tousche
Cette chose qui pense…
Voilà un homme de 47
ans qui se retire du monde (dans sa chambre) pour entreprendre de remettre en
cause toute les connaissances qu’il a reçues jusqu’alors ; il les rejette
au rang des préjugés, opinions et croyances. Son doute s’appliquera également à
tout ce qui vient de ses sens, l’existence même de son propre corps sera
réfutée.
Quelle sera la seule chose
certaine et indubitable qui émergera de cette ascèse totale ? : Le
« je » qui pense. « Cette proposition : je suis, j’existe, toutes les
fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit, est nécessairement
vraie. ». Et de cette évidence originaire, Descartes va reconstruire le
monde.
Penser par soi-même, voilà une
démarche qui nous paraît aujourd’hui naturelle et pourtant elle fut
révolutionnaire en un temps où le dogmatisme était la règle ; le savoir
des Anciens et l’Ecriture Divine faisaient autorité. C’est ainsi que
les « Méditations Métaphysiques » furent misent à l’index…
Mais n’oublions jamais qu’en ce
qui concerne l’autonomie du sujet qui pense, nous sommes tous des cartésiens.
Fragments de Pensées
textes de Blaise Pascal
interprétation Yedwart Ingey
Un plaisir non-divertissant.
Pascal n’aimait pas le théâtre,
ou plutôt il le trouvait dangereux parce qu’il séduit ; de tous les
divertissements qu’il fustigeait, la comédie était la plus à craindre :
elle représente nos passions avec tant de délicatesse, qu’elle peut nous
conduire vers le péché en nous les faisant aimer.
Il peut donc sembler paradoxal
de montrer Pascal au théâtre. Nous pouvons lever facilement cette apparente
contradiction par un simple syllogisme :
1 – La philosophie n’est pas un
divertissement.
2 – Nous proposons de la
philosophie au théâtre.
3 – Donc le théâtre
philosophique n’est pas un divertissement.
Mais attention, cela ne veut
pas dire que le plaisir est absent. Il y a un rapport intime entre la
connaissance et le plaisir (c’est ce que Kant appelait le domaine de
l’esthétique), mais dans ce cas ce n’est pas un plaisir de consommation (ce que
Pascal appelait « la concupiscence »), mais un plaisir de la
connaissance elle-même. Et cette connaissance qui plaît ou ce plaisir qui
connaît, n’est pas un divertissement, au contraire c’est de
l’avertissement :
Faire de la philosophie c’est
être averti, c’est-à-dire en alerte.
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Aurore et Crépuscule
textes de Friedrich Nietzsche
interprétation Maxime Leroux
La morale est fondée sur une tradition, être moral c'est
obéir à une coutume qui revêt la forme d'un soi-disant libre-arbitre; faire
confiance à ses sentiments "c'est obéir à son grand-père" plutôt qu'à
la raison et à l'expérience personnelle. Accepter une croyance parce qu'elle
est dans les mœurs c'est finalement être lâche et paresseux. "La
philosophie n'est plus que le recensement de toutes les raisons que l'homme se
donne pour obéir", écrit Gilles Deleuze, interprète de Nietzsche. Il
faudrait donc rechercher comment les mœurs se sont constituées et voir si elles
ne sont pas le fait d'une autorité usurpée qui s'est arrogée le droit de dire
ce qu'est le bien et le mal et fonder ensuite une morale sur l’intérêt
particulier plutôt que sur un hypothétique « bonheur suprême de
l’humanité » qui n’est qu’une fiction. Mais cela suppose que l’on accepte
de remettre en cause également le « moi » qui constitue ce
particulier. La logique, par la structure du langage, a séparé l’acte du sujet,
toute activité n’a pu reposer jusqu’à présent que sur un substrat que l’on a appelé le « moi », mais ce
n’est qu’une illusion grammaticale
Mais si je veux conduire ma vie en fonction de ma propre existence,
encore faudrait-il que ce "je" fondateur soit lui-même une entité
réelle. Or le "moi" est tributaire des mots qui désignent ses
différents états: colère, haine, amour, pitié, désir, connaissance, joie,
douleur, etc. Cet ego, qui n’est que la somme de sentiments nommables, est très
superficiel car la vie est un flux continu d'actions et de réactions subtiles,
subliminales, et les mots manquent souvent pour les décrire. La pensée du
"moi" est donc très fragmentaire, et ici Nietzsche inaugure une
philosophie de l'inconscient dont la psychanalyse lui est redevable.
Dire
« je pense », c’est déjà appliquer une morale car c’est hiérarchiser
le phénomène « pensée » en deux pôles de valeurs différentes :
un sujet qui conduit l’activité de penser, c’est donc donner un sens
axiologique au monde en subordonnant le fait de penser à une cause
substantielle : le moi. Il faudrait donc en toute rigueur dépersonnaliser
la pensée et dire « il pense » comme on dit « il pleut »,
étant entendu que quand il pleut ce n’est pas le nuage qui pleut pas plus que
le soleil fait beau quand « il fait beau ».
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La prose du monde
texte de Maurice Merleau-Ponty
interprétation Patrick Verschueren
« Voilà longtemps qu’on parle sur la terre et
les trois quarts de ce qu’on dit passe inaperçu. Une rose, il pleut, le
temps est beau, l’homme est mortel. » Ainsi commence La prose du
monde, texte inachevé de Maurice Merleau-Ponty. On le voit, il sera ici
question des problèmes du langage et de l’expression. Quels rapports
entretiennent les mots et le monde ? Le monde des mots est-il étanche au
monde de la perception ? Ou le langage n’est-il que le résultat de notre
expérience dans le monde ? En quoi le « voir » le
« nommer » et le
« penser » sont-ils dépendants l’un de l’autre ? Ainsi commence
l’interrogation philosophique de l’auteur. Si le langage n’avait qu’une origine
empirique, il ne pourrait parler que de ce qui existe déjà, or il n’en est
rien, des idées nouvelles, insoupçonnées, peuvent naître de la parole. En
particulier dans la littérature, le poète peut nous entraîner dans un monde
bien à lui, au-delà du réel. Certes, il use de mots que je connais déjà, mais
ceux-ci se font oublier, et j’ai l’impression d’entrer dans la pensée de
l’auteur sans leur médiation. Par quelle magie la parole peut-elle créer un
nouveau monde ? A un certain
moment, « le livre, cette machine infernale, appareil à créer des
significations », prend possession du lecteur, c’est lui qui gouverne.
Pour quelle raison les mots permettent-ils de raisonner ? Comme dirait le
fou de La nuit des rois : « Je ne saurais vous donner une raison
sans les mots. »…et nous voilà dans une voie sans issue, une aporie dirait
le philosophe.
Peut-être faut-il alors envisager le langage dans
le rapport au corps et à autrui : quand nous parlons ensemble, autrui
m’habite « à tel point que je ne sais plus ce qui est de moi, ce qui est
de lui. ». L’autre n’est pas un objet comme un autre, c’est un autre
moi-même, et nous créons ensemble un monde bruissant de mots depuis que l’homme
est homme ; et ce monde sédimente des significations nouvelles à chaque
instant. En effet, nous venons d’écouter la parole de Merleau-Ponty lui-même,
elle nous a modifier et maintenant, gros des pensées qu’elle nous occasionne,
nous allons pouvoir dialoguer ensemble, et poursuivre cette interrogation
philosophique sans laquelle l’homme ne serait pas homme.
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Entretien entre d'Alembert et Diderot
texte de Denis Diderot
interprétation Stanislas de la Tousche
De la pierre à la pensée…
Comme tous les autres
numéros de la collection « philosophie de chair », il s’agit d’un
spectacle-rencontre où le public, témoin d’un dialogue entre Diderot et d’Alembert,
est invité à poursuivre la discussion. La pensée vivante de Diderot, par
l’incarnation des comédiens et par la mise en situation, retrouve ainsi la
présence et la passion qu’elle devait avoir lieu dans les salons du XVIIIème
siècle. Par le théâtre, la philosophie peut retrouver l’oralité dont elle était
issue et le questionnement du monde peut alors se faire dans le plaisir et la
convivialité.
Dans ce dialogue, Diderot va
s’employer à réfuter le dualisme de l’esprit et de la matière et à conjecturer
l’existence d’une matière primordiale sensible d’où la vie et même la pensée
sont issues de manière indissoluble.
D’ALEMBERT. – Je voudrais bien que vous me dissiez quelle
différence vous mettez entre l’homme et la statue, entre le marbre et la chair.
DIDEROT. – Assez peu. On fait du marbre avec de la chair, et de la chair avec du
marbre.
Et la verve diderotienne va
s’emballer…
Une telle philosophie
peut en tout cas donner « matière » à rêver et à discuter, c’est à
quoi nous inviterons le public…
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La nature et le contrat
textes de Jean-Jacques Rousseau
interprétation Yedwart Ingey
Un rêveur solitaire mais solidaire
Jean-Jacques Rousseau est un personnage emblématique de
l’époque moderne : individualiste forcené, il n’a de cesse de se poser la
question du vivre-ensemble. Car il faut bien en convenir, l’homme d’aujourd’hui
est écartelé entre un désir d’indépendance absolue, d’autonomie, et un
grégarisme nécessaire dans une société où l’interdépendance de chacun vis-à-vis
des autres est de plus en plus aiguë. Bref, l’homme moderne aspire à une
liberté individuelle sans bornes, mais la vie sociale et l’économie qu’elle
induit – même dans une société dite démocratique et libérale – vient entraver
ce besoin de liberté absolue. On retrouve cette contradiction fondamentale dans
toute l’œuvre de Rousseau, nul mieux que lui n’a su poser le problème de la
liberté individuelle face à la liberté politique, celui de « l’insociable
sociabilité de l’homme » dira Kant. Ajoutons à cela que cette
question philosophique de haute importance est formulée dans un style
admirable, et l’on joindra le plaisir, à la nécessité et à l’urgence de
retourner à Rousseau.
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Quand les poèmes cachent les théorèmes
textes de Gaston Bachelard
interprétation Jean-Marc Bourg
« Il faut penser contre le
cerveau. »
Devant la flamme d’une
chandelle, le regard du rêveur se fixe, et son imaginaire, comme un papillon de
nuit, se met en mouvement. A partir de là, bien des mondes peuvent se créer,
une flamme déclenche une poétique de la rêverie. Cette vertu de la vision du
feu a une origine psychologique que Gaston Bachelard a tenté d’analyser. Mais
le savant voit le feu d’une toute autre manière : pour lui c’est une
combustion, c’est-à-dire la combinaison d’un corps (le carburant) avec de
l’oxygène (le comburant), la flamme c’est de la matière et de l’énergie et l’on
peut mathématiser leur rapport ; cette connaissance objective semble très
éloignée de celle du rêveur de bout de chandelle, et pourtant l’œuvre de Gaston
Bachelard se tient toute entière entre ces deux pôles : entre les poèmes
et les théorèmes, entre la lumière d’une flamme de chandelle et celle d’une
ampoule électrique. Laissons-nous porter par la pensée originale de ce grand
« poéticien » qui a su exprimer de manière lumineuse les problèmes
posés par la connaissance scientifique contemporaine, et écoutons-le nous
expliquer pourquoi
« l’opinion ne pense pas » et pourquoi « il faut penser
contre le cerveau ».
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Le beau, l'art et le bel art
textes de G.F.W. Hegel
interprétation Frédéric Cherboeuf
Hegel est un philosophe réputé difficile, mais son
esthétique est un moyen aisé pour l’aborder quand on n’est pas familiarisé avec
le jargon philosophique. La raison en est que ce texte est la retranscription
de ses cours magistraux faite par ses étudiants, ce qui lui confère un côté
vivant et plus abordable. Nous verrons donc sur scène un jeune étudiant
hégélien essayant de chercher à comprendre pourquoi l’homme imite la nature,
pourquoi il crée des œuvres d’art et pourquoi son maître pense que l’art est
quelque chose de dépassé. On s’apercevra ainsi que Hegel a jeté les bases de la
réflexion moderne artistique ; en effet, nombre de théoriciens de l’art
d’aujourd’hui se réfèrent encore à lui, tant positivement que négativement. Il
est donc essentiel, si l’on veut se faire un point de vue solide sur la
question, d’en revenir aux cours du professeur de Heidelberg. Et n’oublions pas
que pour lui, l’art dramatique était le plus élevé de tous les arts…
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La promenade du sceptique
textes de Denis Diderot
interprétation Jean-Marc Bourg
La lumière naturelle de Diderot
Certes,
le siècle des lumières est celui des salons littéraires et philosophiques, mais
c’est aussi celui d’un retour à la mère nature. Ainsi la philosophie
sensualiste de Denis Diderot est inspirée - si l’on ose dire - par le plein
air, on y respire à pleins neurones, et, pour paraphraser le langage pictural,
on pourrait parler d’une pensée agreste.
Le moindre rocher, la moindre plante, l’animal
le plus infime sont prétextes à un délire champêtre, un mélange étonnant de poésie
et de raison. Diderot n’a jamais choisi entre le rationnel et l’émotionnel,
c’est ce qui fait son charme aussi bien que sa faiblesse : il ne sera pas pris
au sérieux par les philosophes patentés. Son université c’est le monde, son
credo le plaisir, sa passion la parole. Ce logos spermatikos nous
étourdit par sa volubilité, son éloquence et son intelligence ; il nous
persuade en usant de tous les ressorts de la rhétorique, y ajoutant l’humour
pour emporter le morceau. Il nous promène littéralement.
Et justement, nous vous invitons à le suivre en
esprit et en corps, en cheminant avec lui dans la nature. Prenons-le au pied de
la lettre et emboîtons son pas - un pas de deux en l’occurrence. Voyons comme
il passe de la pierre à la vie, du coq à l’âne, de l’âne à l’homme, et de
l’homme à pas de dieu. La matière est vraiment pour lui la substance unique, la
mère même de toutes nos pensées - mater noster. Si un esprit peut faire
de la matière, pourquoi la matière ne ferait-elle pas un esprit ?
« Dieu » est donc une hypothèse qui obscurcit tout.
Vous n’êtes pas d’accord? Vous pourrez y mettre
votre grain de sel à la fin du spectacle en devisant sous les charmilles un
verre à la main avec cet apôtre de la Dive Bouteille. Ensuite, nous pourrons
dire: « Il se fait tard. Allons souper.* »
* Dernière phrase du Paradoxe sur le
comédien.
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Platon dans le texte pour les bacs moins 7
spectacle pour enfants sur des textes de Platon
interprétation Clélia David
La caverne de Sophie
Platon dans le texte pour les Bacs
plus ou moins sept (CM2 et doctorants).
Platon
s’est souvent servi des mythes pour nous faire comprendre sa philosophie. Mais
alors, des histoires fabuleuses, invraisemblables, pourraient nous faire
accéder plus facilement à la Vérité ? C’est paradoxal mais c’est vieux
comme le monde : depuis la nuit des temps les histoires qu’on raconte aux
enfants ont toujours une « morale ». Ainsi le mythe de l’androgyne
nous enseigne ce qu’est l’Amour, le mythe de Gygès et son anneau magique nous
questionne sur la Justice, et le célèbre mythe de la caverne nous apprend ce
qu’est une Idée.
Dans l’imagerie traditionnelle, le
philosophe est souvent représenté comme un vieux sage qui initie un jeune
ignorant. Dans La caverne de Sophie au contraire, la sagesse – sophos en
grec - sera incarnée par une jeune
fille qui séduit un vieux sophiste en lui racontant ces histoires
fabuleuses que sont les mythes. Elle nous transportera par l’image et les
mots dans ce monde extraordinaire. Puis, nous reviendrons dans la réalité de
notre monde-à-nous pour philosopher un peu avec les enfants à partir de ces
histoires platoniciennes. Mais les vieux à bac plus sept pourront
écouter aussi, et apprendre certaines choses…
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Cet asile de l'ignorance
textes de Benoît Spinoza
interprétation Jean-Marc Bourg
scénographie Mahi
lumière Patrick Chiozzotto
musique Joël Drouin
costume Dominique Fabrègue
scénographie Mahi
lumière Patrick Chiozzotto
musique Joël Drouin
costume Dominique Fabrègue
« La vertu absolue de l’esprit c’est de comprendre »
dit Benoît de Spinoza dans son Ethique. Il était fou de raison et il est
raisonnablement fou de vouloir le faire vivre sur une scène de théâtre. Et
pourtant cet humble et solitaire philosophe voulait que le plus grand nombre
comprenne sa pensée. Tel est l’objectif que nous nous proposons.
En suivant la métaphore de la lumière observons ce polisseur
de lentille travailler manuellement et intellectuellement : il peut aussi
bien nous montrer comment apparaît un arc-en-ciel, enflammer du papier avec ses
loupes et s’enflammer lui-même en parlant de la jalousie…
Avec Spinoza un non-philosophe est comme aspiré en un éclair
dit Gilles Deleuze. Vous pourrez donc nous donner votre avis là-dessus.
...et suite à ce dernier spectacle, en 2012 donc, Didier Mahieu repassa le pinceau à Mahi, et celui-ci rentra à nouveau dans son atelier.
Après quinze années d'abstinence, il peint maintenant d'autres spectacles, seul.
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